QU'EST CE QUE LA MEDIATION ANIMALE ?
La médiation animale possède différentes approches dans le monde, c’est pourquoi il est
difficile de la définir. « L’hétérogénéité des syndromes et des situations implique une
hétérogénéité des prises en charge des personnes et des médiations proposées ». Aussi, le Dr
Didier Verney, neurologue, à l’origine du Diplôme Universitaire de Relation d’Aide par la Médiation
Animale (DU Rama) à la faculté de Clermont-Ferrand, préfère parler « d’accompagnement vers
un mieux-être que de thérapie ». En effet, en France nous préférons le terme de « médiation
animale » à celui de « zoothérapie », car les intervenants ne sont pas forcément des thérapeutes,
ils peuvent être issus des secteurs du social, de l’animation et de la santé. Et c’est bien l’animal, à
travers le lien qu’il va créer, qui va établir une véritable différence. Où se trouvent « ces humains à
accompagner » ? Dans les milieux de la santé, du handicap mental, physique, social ou de la
communication, dans les EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées
dépendantes), dans les unités protégées des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, dans des
lieux de vie, ou même dans les familles.
L’animal médiateur n’est pas un simple outil, c’est un collaborateur qui interagit et propose
ses propres stratégies, qu’il est utile de prendre en compte pour le bien-être et l’épanouissement des
bénéficiaires. En conséquence, l’intervenant en médiation animale ne doit pas subir les pressions
de la mode ou de la concurrence ; il doit être à l’aise avec lui, car c’est avant tout son animal de
compagnie. Une fois l’animal choisi, il est important de le sélectionner soigneusement,
notamment chez un bon éleveur, car ce collaborateur devra être très équilibré. Au cours de
sa carrière, il rencontrera en effet, des personnes, des situations, et des lieux bien
différents, auxquels il devra s’adapter. Il y a d’ailleurs de très bons animaux médiateurs en
refuge ou en famille, qu’ils soient jeunes ou adultes. La seule condition valable, c’est qu’il doit
être formé et évalué par un professionnel (éducateur canin, comportementaliste,
éthologue…).
L’essence d’un projet part de besoins, nait d’observations, de constatations, comme le
relate très bien le journaliste Rupert Isaacson dans son livre « L’enfant cheval ». Poignant récit
des bienfaits du cheval sur son fils autiste qui, traversant la Mongolie à dos de cheval devient
capable de communiquer de manière plus adaptée. Ces projets accumulés deviennent un
réservoir d’expériences d’une immense richesse, que constituent les divers écrits, parutions
médiatiques, en lien avec la recherche, les témoignages de familles, de professionnels de terrains
et de patients.
En corollaire, la diversité des pratiques en médiation animale nait des différentes
institutions, du choix des animaux médiateurs qu’il soit cheval, chien, chat, lama, rat ou hibou, et
des publics visés. Mais la médiation animale ne s’improvise pas ! Elle nécessite de se former, de
former son animal, de se documenter, d’expérimenter et de se faire superviser tout au long de sa
pratique. En ce moment, la médiation animale connait un grand succès en France, mais il faut
savoir qu’à instar de l’équithérapie, elle n’est pas encore reconnue dans notre pays. De plus, cette
profession demande beaucoup d’énergie, sans être très rémunératrice. Cependant, pratiquer la
médiation animale, c’est adhérer à des valeurs, c’est agir ensemble et partager, dans un cadre
bien défini, contenant un espace co-créateur -ce lieu un peu magique où « tout est possible »-,
pour le bien-être des bénéficiaires et c’est cela qui compte.
Sophie Montiège Intervenante en médiation animale chez Coeur d'Artichien